A notre tour de ne pas garder nos idées en l’air

Vous avez suivi notre voyage depuis deux ans à la rencontre d’associations et d’initiatives collectives porteuses d’espoir. Vous avez aussi fait notre voyage en nous accueillant une heure, un jour ou une semaine. Ou alors vous étiez derrière « Minus » sur une petite route départementale, péniblement à 60km/h. Son charme a opéré sur vous et vous nous suivez depuis. Ou encore plein d’autres possibilités pour en arriver à nous lire aujourd’hui.

Au cours de ces kilomètres sur la route, nous avons vu des dizaines d’idées qui ne sont pas restées en l’air… Nous les avons comprises, aimées, enviées parfois. Aujourd’hui, ce sont nos idées que nous avons voulu ne pas voir s’envoler. Alors elles ne resteront pas en l’air, nous habiterons entre Toulouse et les Pyrénées, Arnaud sera charpentier et Doriane intégrera l’association 3PA et son Ecole de la Transition Ecologique (ETRE). Ce résultat est la mise en application concrète du principal enseignement de ces dernières années : tout est possible !

Le tour de France nous a nourri, fait grandir et donné beaucoup de forces. Nous avons retenu quelques enseignements que l’on partage avec plaisir.

Il se passe des choses de partout !

D’abord sillonner la France, c’était aller à la rencontre de tous les territoires, tant urbain que rural. On a pris du plaisir partout et surtout on a découvert que ça bouge de partout.

Alors on ne sait pas si les initiatives se font plus nombreuses, si « ça bouge » de plus en plus, parce que plongés dans cet univers à temps plein depuis deux ans, nous avons rapidement arrêté de nous poser ces questions. Notre regard était biaisé.

En revanche, nous pouvons dire que des initiatives existent dans tous les territoires, des gens se rassemblent et créent ensemble chez eux. A la ville, à la campagne, à la mer, à, la montagne, dans un petite village, dans une région pauvre ou une région riche, tous les territoires connaissent, en réalité, les mêmes envies de faire ensemble, de construire des projets, d’apporter des solutions aux problèmes contemporains, de faire parler leurs envies et leurs passions. Oui, le dynamisme culturel n’est pas l’apanage des grandes villes et les thématiques environnementales ne sont pas réservées au milieu rural.

En tout cas, les initiatives sont nombreuses, fonctionnent, prennent toutes sortes de formes, sur toutes sortes de sujets de société (agriculture, action sociale, culture, écologie, arts, alimentation, commerces, etc.). Et l’important se situe peut-être précisément ici : montrer que c’est possible, que des chemins existent et qu’ils mènent quelque part. Non pas pour changer le monde ou « faire sa part », plutôt pour ouvrir les esprits habitués à être trop fermés, permettre à chacun.e de nous inventer un autre demain, de stimuler la capacité de réflexion et d’action de tou.te.s ensemble.

Les territoires sont uniques.

Chaque territoire est unique, comme chaque projet l’est de fait. On a vite compris qu’un projet se construit sur un territoire selon ses besoins, ses envies, ses habitant.e.s et qu’on ne peut ni arriver quelque part avec une idée en tête et la réaliser exactement comme on l’imaginait, ni déplacer un projet de quelques kilomètres seulement et s’attendre à voir le même projet grandir.

La spécificité des territoires donne la couleur des initiatives qui l’habitent. Cela demande de connaître et de comprendre un espace avant d’y construire un projet, le plus beau soit-il. C’est ce qui fait le charme de tous les projets que l’on a rencontré.

Tout est possible !

Tout est possible.

Une organisation verticale ou horizontale, fixe ou itinérante, avec des subventions publiques ou en autofinancement, par le salariat ou le bénévolat… Un champ d’action n’est pas cantonné à un type de financement précis, encore moins à un type d’organisation défini. On associe souvent une salle de spectacles à des financements publics et un café associatif à une organisation horizontale. Pourtant, bien des exemples nous ont prouvé qu’un croisement des modèles est possible : une salle de spectacles basée sur l’échange ou l’autofinancement, comme un café associatif organisé de manière verticale avec une commission pilote et décisionnaire.

Chaque groupe trouve ses propres réponses. Il n’y a pas de recette.

On est tous capables de tout !

« Ohé du bateau » et ses 1800 sociétaires, « La Colporteuse » et ses 12 ans d’existence en milieu rural, « Toit à moi » et ses presque 15 logements achetés, etc. nous ont démontré que nos initiatives ne sont pas moins sérieuses, moins pertinentes et moins ambitieuses que ce que feraient des institutions établies ou des « professionnels » de longue date.

Pas besoin de costards-cravate ou d’un titre d’« expert » pour inventer et mettre en action des projets fous et qui fonctionnent ! Se regrouper, créer des synergies, se faire confiance, se demander de quoi on a envie tout simplement et puis se mettre en piste à plusieurs, c’est rassembler toutes nos compétences, nos histoires, notre vécu, nos savoirs, nos capacités et faire naître un projet commun.

Dans un groupe, on a forcément quelqu’un de créatif, quelqu’un de plus à l’aise avec les chiffres, quelqu’un qui a un réseau riche, quelqu’un qui aime rédiger, quelqu’un qui… vous pensez à des ami.e.s là, non ? Et bien les projets que l’on a rencontré, sont partis delà et n’ont simplement pas garder ces idées et ces potentialités en l’air ! A nous tous, on sait tout faire.

Ça nous a donné tellement d’espoir et d’élan quand on a compris qu’on était capable de tout !

MERCI à vous.

Pendant ces deux ans, on a été très heureux de vous partager nos découvertes, d’animer le jeu coopératif que l’on a créé à la fin de la première année et de bavarder avec vous devant les panneaux de notre expo.

On a pris un plaisir immense à réaliser ces deux années sur la route. Et on veut vous remercier sincèrement pour votre accueil, votre soutien, vos lectures, vos remarques, nos échanges, votre aide… On ne veut pas « en faire des caisses », simplement vous dire merci.

A bientôt chez vous, ou chez nous !

PS : le site cestpasdesideesenlair.com reste actif, les articles sont lisibles à souhait, comme la cartographie.

Itinérant ou dans un ancien vidéoclub, la Lozère modernise le cinéma associatif

Nous sommes en Lozère côté Cévennes, c’est-à-dire plutôt au sud du département. Ça sent bon la châtaigne et les champignons, au bord des rivières et en forêts, ou en hauteur sur les grands causses. Dans ce décor préservé, deux associations font vivre leur passion pour le bonheur de publics curieux. Voisines, cousines et copines, elles ont un territoire rural en partage et le cinéma en passion depuis bien des années. Cinéco d’abord transporte le cinéma dans beaucoup de villages du cœur des Cévennes, La Nouvelle Dimension ensuite a redonné vie à un vidéo-club à Florac et propose animations et festivals toute l’année.

Cinéco en a déroulé de la bobine !

Cinéco fait voyager le cinéma d’un village à l’autre. Les films se déplacent dans les anciennes salles de cinéma, en plein air l’été, dans les salle des fêtes ou même dans la cantine de l’école. Les bénévoles et les salariés de l’association se chargent des projections, de la programmation à la vente des billets jusqu’à l’installation du matériel. Et c’est une activité qui plaît beaucoup sur le territoire puisque pas moins de 80 personnes offrent de leur temps libre bénévolement, aux côtés des sept salariés de Cinéco, pour faire vivre l’association et apporter le cinéma dans plus de 60 communes.

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« C’est une sacrée organisation pour les salariés et les bénévoles. S’assurer que le matériel soit disponible, qu’il y ait des bénévoles pour chaque séance sans salarié, que les bande-annonces et le court-métrage d’avant séance soient prêts, etc. Mais on adore ce métier ! » nous raconte Stéphane, salarié de Cinéco.

Avant chaque film, un court-métrage en lien avec la thématique du film fait office d’ouverture de la projection. On a eu la chance de voir le monologue d’une maman à une petit garçon dans « Dinosaure » qui traite de l’enfance et des valeurs inculquées avec humour et distance, avant de nous plonger dans l’univers atypique d’un Institut Médico-Educatif « Dans la Terrible Jungle ».

Cinéco est donc un cinéma itinérant et l’a toujours été depuis… 37 ans ! Un très bel âge pour une association culturelle. Alors il faut dire que l’association en a vécu des bouleversements liés à l’histoire du cinéma.

Lorsque Cinéco est né, le numérique n’existait pas encore. A cette époque, on utilisait le « 16 mm », un format qui doit son nom à la largeur des bobines de pellicules utilisées à partir des années 1920. Ensuite, le temps a été celui des pellicules « 35 mm ». Et là, le nombre de bobines par films était en quantité limitée. Elles étaient livrées en priorité aux grandes salles de cinéma. Les petits cinémas et les cinémas itinérants se partageaient donc le stock restant. Puis, au fil du temps, le nombre de pellicules a diminué pour laisser place au format numérique uniquement. Alors à ce moment-là, les cinémas itinérants ne reçoivent plus de « 35 mm » et n’ont pas les moyens de changer leur matériel pour projeter en numérique. Pas de plan B !

Une période de doute s’installe et Cinéco se demande s’il va être possible de poursuivre son activité. Mais c’était sans compter sur une équipe déterminée et poussée par l’enthousiasme de son public fidèle. Quelques rendez-vous et plusieurs heures de discussion plus tard, l’« Association Nationale des Cinémas Itinérants » (ANCI) émerge pour porter aux institutions une voix commune. L’association parle des difficultés qui mettent en péril l’accès au cinéma dans les milieux ruraux et donc sur une zone très étendue compte tenu du nombre de communes que couvrent les cinémas itinérants de France : 1 200 ! L’association entame des négociations avec le « Centre Nationale du Cinéma et de l’Image Animée » (CNC) qui trouve rapidement une solution convaincu du bénéfice de telles activités sur le territoire national. Le CNC aide alors financièrement les cinémas itinérants et dont Cinéco à moderniser son matériel et à accueillir le format numérique avec succès. L’aventure continue !

Aujourd’hui, Cinéco diffuse exclusivement des films numériques, ce qui demande quand même une bonne part d’organisation car pour acquérir les films, il faut suivre tout un protocole les protégeant par des clés, des mots de passe et autres méthodes techniques et secrètes. Affaire de gros sous et lobbies, le cinéma n’échappe pas aux règles de l’industrie. Ce sont les grandes salles qui bénéficient de l’exclusivité, faisant patienter les cinémas itinérants et leurs publics. Cinéco s’est d’ailleurs adapter à recevoir les films cinq semaines après leur sortie officielle dans les grandes salles, et s’en est fait un atout en prenant le temps de sélectionner finement sa programmation.

Ce sont les bénévoles qui établissent la programmation pour les trois prochains mois. Elle est décidée de manière collective par les bénévoles présents et selon une méthode qui fonctionne depuis 10 ans après moultes essais et expérimentations de prise de décision collective. En sort une programmation variée et actuelle, privilégiant les films qui apportent une réflexion ou qui témoignent d’une qualité. Faire réfléchir via un beau et agréable support, c’est un des pouvoirs du cinéma !

Les super pouvoirs du cinéma

Le cinéma a ces pouvoirs de poser question, d’informer et de divertir. La programmation de Cinéco les met bien en avant et veut en faire profiter le plus grand nombre : les habitants des villages, on l’aura compris, mais pas que.

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Cinéco intervient dans les établissements scolaires de la région. 150 séances sont organisées en écoles et collèges. Dans le cadre d’un dispositif régional, Cinéco fait entrer le cinéma parmi les activités « d’éducation artistiques et culturelles » auprès des jeunes publics.

Dans cette même perspective de développement de ses propositions, Cinéco intervient en milieu carcéral comme c’est le cas à la Maison d’Arrêt de Mende. Une façon d’apporter du divertissement, d’accéder à un cinéma de qualité et de réfléchir sur certaines thématiques, comme c’était le cas le jour de notre rencontre avec Stéphane et Vincent qui revenaient de leur intervention, où ils avaient projeté « Les Invisibles », une histoire de solidarité et de femmes, projetée dans une Maison d’Arrêt pour hommes.

 

Depuis la naissance de Cinéco, l’association a développé ses activités, pour un accès toujours plus important auprès du public et parce que le cinéma a aussi le pouvoir de réunir, de faire se rencontrer les gens et de partager un moment privilégié. En 37 ans, les membres de l’association ont été témoins des changements ruraux dont on parle de plus en plus, de la disparition de lieux symboliques de rencontre tels que les bars et de la transformation des habitudes individuelles.

Le cinéma, dernière lumière dans la ville

En milieu rural, on parle beaucoup de ces changements, des commerces qui se raréfient, des bars qui ferment tôt dans la soirée ou qui mettent la clé sous la porte. Certains villages trouvent des solutions et créent de nouveaux espaces tels que des bars associatifs, des commerces gérés collectivement, des salons de thé-librairie, des lieux où les activités se croisent et les publics se mêlent. La Lozère est un de ces territoires ruraux, il est même le département le moins peuplé de France. Alors le cinéma a un rôle plus important qu’on ne le pense.

« C’est souvent le dernier endroit, ouvert au public, éclairé le soir dans la ville », témoigne Vincent, directeur de Cinéco.

Les soirées cinéma sont donc l’occasion de se retrouver, de voir ses voisins, de se donner rendez-vous autour d’un moment agréable et de détente. Vincent est certain de cette place centrale des salles de cinéma dans les bourgs et encourage ceux-ci à prendre conscience de ce rôle et à étoffer leurs propositions vers plus de rencontres et de convivialité : un cinéma qui fait bar en même temps, avant et après la séance, ou bien restaurant, ou bien salle de spectacle…

S’il y a un exemple local de lieu qui mêle cinéma et rencontres, c’est bien La Nouvelle Dimension, à Florac. Il s’agit d’une association singulière en la matière. Pour connaître son histoire, il faut remonter dans nos propres souvenirs d’enfance.

Qu’ont bien pu devenir les vidéos-clubs de notre enfance ?

Vous vous souvenez de ces étagères remplies de VHS, de cette virée en début de soirée pour choisir le film à regarder entre amis ou de ce rideau qui cachait un espace réservé aux adultes ?

Florac aussi avait son vidéo-club. Et comme partout, il a cessé de fonctionner il y a quelques années. Sauf qu’ici, il a eu un second souffle.

Guillaume, un passionné, un amoureux du cinéma et de ses supports devenus DVD, a décidé de poursuivre l’aventure. Lui qui tenait ce vidéo-club a conservé le stock et a été l’un des initiateurs de l’association La Nouvelle Dimension en 2015.

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Guillaume a été rejoint par des nostalgiques tout aussi passionnés que lui par les supports du cinéma car ce sont des bénévoles qui font vivre l’association aux côtés des salariés. Les 150 adhérents peuvent emprunter ces DVD grâce à leur abonnement annuel. L’association est également très connue localement pour son accent canadien lors de leur événement annuel phare : le festival de cinéma franco-québécois « 48 images par seconde ».

Tout au long de l’année, l’équipe accompagne le public dans sa cinéphilie, à travers des ateliers d’éducation à l’image où l’on découvre les métiers du cinéma, où l’on s’attarde sur une thématique particulière, etc. Elle tisse des partenariats locaux quand les idées se rejoignent autour de projets captivants. Un lâché de vautours prochainement sur le causse ? L’opportunité de se pencher sur cet oiseau avec le Parc Naturel des Cévennes et de programmer ensemble une soirée thématique. Un pont à quelques encablures qui fut central lors de tournages passés ? Plus qu’à le mettre à l’honneur lors d’une rando-ciné aux Journées du Patrimoine. Des habitants amateurs qui tournent des courts-métrages dans les Cévennes ? La date anniversaire de La Nouvelle Dimension est l’occasion de les diffuser sur grand écran devant un public curieux.

Le contexte cinématographique et culturel dans son ensemble est en pleine évolution. A l’heure des places de cinéma trop chères dans les gros complexes, d’un essor du cinéma indépendant, de l’accès à la culture foisonnant mais en grande difficulté financière, d’un besoin sociétal criant de se réunir et d’échanger, du domaine de l’art qui n’échappe pas à la financiarisation sauvage, ces deux associations participent d’un élan qui sera assurément à soutenir dans les prochaines années.

Pour en savoir plus :

Cinéco, cinéma itinérant en Cévennes

La Nouvelle Dimension, à Florac

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A Rennes, les lieux intermédiaires font commun de leurs vécus et de leurs utopies.

Pendant deux jours, la Coordination Nationale des Lieux Intermédiaires et Indépendants (CNLII) a tenu son 3ème Forum national des lieux intermédiaires et indépendants aux « Ateliers du Vent » à Rennes. Après les éditions de 2014 et 2016, cette année était placée sous le signe des communs : « Faire commun(s), comment faire ? ». Un moment de rencontres, de retrouvailles et d’échanges au cours duquel les 250 participant.e.s ont témoigné leur besoin de reconnaissance auprès de l’État et des pouvoirs publics, de s’unir et faire front face à des défis de plus en plus complexes.

Qu’est-ce que la CNLII ?

« La CNLII a été constituée le 29 janvier 2014 lors du « Forum national des lieux intermédiaires ». Ce regroupement en coordination répond au besoin urgent exprimé pendant ce Forum d’une reconnaissance de la place et du rôle de ces lieux intermédiaires dans le paysage culturel français et d’une mise en réseau de leurs projets respectifs. » Il s’agit donc d’un regroupement informel de lieux indépendants qui disposent pour la plupart au moins d’un volet création et/ou diffusion artistique.

En deux jours, une véritable montée en puissance.

L’organisation de ces deux jours de rencontres était prise en main par ARTfactories/Autre(s)pARTsgroupe d’acteurs culturels et d’artistes, réunis autour d’un projet commun de transformation de l’action culturelle par l’expérimentation d’autres rapports entre art, territoires et société), le réseau Hybrides (qui porte une dynamique de structuration des lieux intermédiaires en région Bretagne) et les Ateliers Du Vent (ensemble d’artistes et de personnes engagé.e.s dans des démarches citoyennes qui font vivre collectivement un lieu d’expérimentations).

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Trois rencontres préparatoires ont eu lieu à Rennes au mois de mars, puis à Lille et Marseille au mois de mai. C’est au plus près des futur.e.s participant.e.s qu’ils.elles sont allés chercher les thématiques pertinentes à développer au cours du grand Forum. En sont ressortis les thèmes de la co-évaluation, de l’urbanisme transitoire et des communs. Des sujets suffisamment précis et pointus qu’il aurait été facile de tomber dans un jargon et un entre soi inaccessible au grand public.

Alors c’est par une première matinée assez dense que le Forum s’est ouvert. Quatre conférences-éclair de 30 minutes au choix parmi les huit possibles, pour une (re)mise à niveau sur des thèmes variés. On a abordé les droits culturels, les communs, les chartes d’usage, l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), l’évaluation ou encore les friches et les enjeux spatiaux.

L’après-midi, les participants se sont répartis selon qu’ils souhaitaient travailler sur les communs, la co-évaluation ou l’urbanisme transitoire. Deux groupes se sont constitués par thème et ont dégagé chacun trois problématiques.

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Le lendemain matin, chaque groupe a envoyé ses trois problématiques à la discussion au sein des trois micro-plénières. Chaque micro-plénière disposait alors de deux problématiques sur chaque thème (co-évaluation, urbanisme transitoire et communs) qu’ils ont dû mettre en lien, regrouper, se faire correspondre, afin de dégager des questionnements et des pistes de travail plus ou moins transversaux.

Point d’orgue du Forum, la plénière de l’après-midi a vu les trois micro-plénières mettre en commun et discuter leurs conclusions respectives. Ce processus d’ateliers successifs (plus agréable à vivre qu’à lire et expliquer, on vous l’accorde) a permis, d’une part la prise de paroles de tou.te.s les participant.e.s sur un sujet choisi, et surtout sa prise en compte dans le résultat final de la plénière. L’organisation de cet événement a su créer une intelligence collective porteuse de sens et efficace.

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L’événement a rencontré son public. Des lieux de toute la France se sont déplacés pour l’occasion. Une moitié de bretons, également des personnes et des collectifs venus entre autres de Lyon (Friche Lamartine), Marseille, Annecy (L’Ecrevis), Bordeaux (La Fabrique Pola), Lille, Nantes, Toulouse (Mixart Mirys), Paris (59 Rivoli), Caen (Collectif Bazarnaöm, le Wip), Tours, etc. Si le milieu urbain était dignement représenté, le milieu rural n’était pas en reste avec notamment l’association cévenole Bouillon Cube ou la sud bretonne La Cimenterie.

« En tissant des liens, on laisse un tissu derrière nous… »

La diversité d’intervenant.e.s a permis de recadrer certaines notions et lancer les participant.e.s sur de nouveaux élans de réflexion. Plusieurs pays voisins étaient présents pour mettre en avant les avancées remarquables et inspirantes dans leurs pays. Les représentant.e.s de l’Asilo à Naples ont par exemple animé un atelier sur les chartes d’usage qui a permis de faire un pas de côté et d’avoir connaissance d’une expérience novatrice et de leur lutte pour une reconnaissance des droits d’usage des lieux intermédiaires dans les villes pour en faire un droit commun et affirmé dont l’État devient un soutien. La Belgique nous a requestionné sur les systèmes et les processus d’évaluation, remettant en cause les indicateurs et critères souvent quantitatifs avant tout des pouvoirs publics pour mettre en avant les valeurs culturelles qui animent nos projets, les apports qualitatifs et du bon sens dans des démarches d’évaluation collective et coopératives au long court. L’organisation avait également dépêché des intervenant.e.s plus institutionnel.le.s comme Anne-Christine Micheu (Ministère de la Culture) au sujet des droits culturels, ou encore des universitaires géographes, juristes, sociologues.

Et pour compléter le tableau, la proportion d’artistes présent.e.s a permis une certaine poésie dans les échanges sur des sujets parfois complexes et très terre-à-terre.

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Condensé des plus belles questions et réflexions entendues les 19 et 20 mai lors de ce 3ème Forum des lieux intermédiaires et indépendants :

Comment penser le commun par enjeux plutôt que par objectif ?
– A la question « Quelles traces laissons-nous derrière nos occupations de lieux ? », la réponse « En tissant des liens, on laisse un tissu derrière nous… »
– Comment s’assurer qu’un projet respecte l’intégrité d’un territoire et des personnes qui l’habitent ?
– Imaginer un jumelage entre projets au sein de la CNLII, afin de faciliter les partenariats et stimuler la solidarité entre lieux.
– Exiger l’excellence politique pour nous accompagner plutôt que nous contrôler.
– Comment passer du transitoire à la transition ?
– Placer la médiation culturelle plus en amont de nos pratiques.
– Pour les préserver et les reconnaître, est-il imaginable de donner la personnalité juridique aux lieux intermédiaires de Marseille, comme les néo-zélandais l’ont fait avec une rivière ?
– Entamer un travail commun avec les réseaux RFF (Réseau Français des Fablabs) et TILIOS (Tiers Lieux Libres et Open Source) qui rencontrent des difficultés très semblables aux notres.

Pour retrouver toutes ces questions, certaines réponses, d’autres débats et présentations, la CNLII propose toutes les interventions filmées sur son site internet : http://cnlii.org/2019/06/conferences-eclair-les-videos/

Stabilité, inaliénation, création, territoire, politique, soutien, conflit, hybridation, expression, pédagogie, militantisme, devenir, pédagogie, profits, … au cours des différents débats, les digressions ont été aussi nombreuses qu’intéressantes. Les prochaines éditions disposent d’un puissant réservoir de thèmes à développer !

Entraide féminine en milieu urbain

Marion et Valérie ont allié leurs valeurs et leurs vies professionnelles. Elles ont décidé de mener une activité qui leur parle profondément, qui résonne en elles, qui les rend vraiment heureuses. Elles ont créé ensemble « PasserElles Buissonnières » pour accueillir des femmes en difficulté à Lyon. Coup d’œil sur la magie de cette association. Avancez-vous rue des Capucins, dans les pentes emblématiques de la Presqu’île lyonnaise.

Elles se rencontrent à Médecins du Monde

L’une est juriste, la seconde médecin. Elles militent et collaborent à Médecins du Monde. C’est là qu’elles ont l’occasion de travailler ensemble et de mieux faire connaissance. Elles initient à cette époque les consultations en binômes, une innovation dans le secteur.

A Lyon, elles se rendent régulièrement dans l’un des cafés des pentes de la Croix-Rousse et font de ce lieu leur repère à discussions et à rêves. Et par un beau mois d’avril, il y a huit ans, elles imaginent un projet commun : la création d’un lieu pour les femmes. Plus précisément, pour aider les femmes en situation d’isolement à cause d’une maladie ou d’une situation d’exil. Bien que ces contextes soient différents, les mécanismes d’isolement se rejoignent. Elles cogitent chacune de leur côté et c’est au mois de septembre, qu’elles se retrouvent et s’avouent avoir très envie de se lancer dans l’aventure ensemble. Elles lancent « PasserElles Buissonnières » !

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Seules, puis à plusieurs

Dans leurs locaux au second étage d’un vieil immeuble du 1er arrondissement, elles ont accueilli 114 femmes en 2018. Toujours en binôme, elles rencontrent les femmes, travaillent, échangent et débriefent à deux. L’objectif est d’accompagner ces femmes vers une insertion professionnelle en accord avec leurs chemins personnels, selon leur situation familiale et/ou médicale, leurs compétences, leurs envies et leurs désirs.

Dans une atmosphère douce et une écoute bienveillante entre toutes, le groupe de femmes se connaît et partage beaucoup de moments variés. Les accompagnements individuels s’accordent avec une vingtaine d’ateliers hebdomadaires ouverts à toutes, aux choix et quand elles veulent et peuvent : jardinage, alimentation, respect, chant, loisirs créatifs, français, bien-être… des activités qui ont lieu dans les locaux de PasserElles ou à l’extérieur pour s’ouvrir à la ville et ses espaces. Apprendre à connaître sa ville est un des piliers de la démarche vers une autonomie. C’est se sentir lyonnaise comme les autres, avoir des sujets de conversation autres que son parcours personnel difficile et avoir des repères dans la ville.

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Ces femmes courageuses, aux parcours semés d’embûches, ont une place et une grande importance au cœur de cette association. L’équipe constituée de Valérie et Marion, ainsi que des administrateurs et des bénévoles qui sont en charge des différentes activités y met tout son cœur, et ça se sent ! D’ailleurs, la plupart des bénévoles ont poussé eux-mêmes la porte de PasserElles pour proposer leurs compétences au service du groupe de femmes et participer à ce projet qui fait sens. Marion et Valérie parlent avec admiration de l’équipe bénévole. Elles sont très reconnaissantes du travail mené par les intervenants et intervenantes qui ont réussi avec ces femmes à constituer des liens solides et des relations fortes. PasserElles est souvent un endroit précieux pour toutes ces femmes, un cocon où trouver réconfort, où se rendre compte de ses capacités, où apprendre à échanger avec d’autres…

Des écrits pour l’avenir

Les initiatrices du projet se sont rapidement entourées de chercheurs et scientifiques qui apportent un regard et produisent des écrits sur le travail mené à PasserElles. Ces travaux ont le pouvoir aussi bien de laisser une trace, que de prendre du recul, se questionner sur l’apport de l’association auprès de ces femmes ou encore partager leur expérience avec d’autres. Sous forme d’un conseil scientifique, psychanalyste, anthropologue, maître de conférences, sociologue prennent part à la vie associative et apportent de précieux éclairages.

Avec les moyens du bord

Une tache demeure au tableau : le modèle économique. Fragile et toujours en cours d’acquisition, c’est un travail de longue haleine que de bénéficier d’aides financières à court ou moyen terme. Tous les ans, ou presque, les dés sont remis en jeu, il faut renvoyer des dossiers pointus.

Depuis des années, c’est le sort que connaît un grand nombre d’associations, en particulier dans le secteur de l’aide sociale et de la solidarité. Les aides publiques en baisse rendent les tâches administratives chronophages et le travail de terrain précaire. Sauf que les besoins de personnes fragiles accroissent, le contexte politique et social laissant toujours plus de personnes sur le carreau.

On parle alors d’une véritable utilité sociale de la part des associations, de leur solidarité au quotidien et de leur ingéniosité pour prendre en charge les réponses aux problèmes sociaux et sociétaux que l’État leur laisse bien volontiers. Rejointes par les établissements et les services institutionnels sociaux et médico-sociaux, tous tirent la sonnette d’alarme mais personne ne s’affole dans les sphères décisionnaires.

Comme beaucoup d’autres, PasserElles Buissonnières se tourne donc de plus en plus vers le mécénat privé et les fondations. Elles multiplient les dossiers pour faire financer leurs projets et leur fonctionnement, en parallèle des petites aides de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et des collectivités territoriales. La liste de leurs contributeurs s’est étendue depuis six ans et permet ainsi de poursuivre cette aventure humaine et engagée.

PasserElles Buissonnières force le respect. C’est un très bel exemple que de la rencontre naît l’enrichissement mutuel. Un très bel exemple d’idées riches et fortes de sens qui ne sont pas restées en l’air. Un très bel exemple de croisement des disciplines au service de la solidarité. Quelle admiration !

Pour en savoir plus : http://www.passerellesbuissonnieres.org

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La Logeuse, un habitat solidaire dans les Cévennes.

Rendons nous en Lozère. Pour les moins habiles en géographie, nous sommes entre Montpellier et l’Auvergne, à l’Ouest de l’Ardèche. Pour les plus précis, nous ne sommes pas très loin de Florac, dans la moitié sud du département. Et pour les champions olympiques de la géographie, précisément à Saint-Martin-de-Lansuscle, 45 minutes plus loin. Le paysage est à couper le souffle. Le Parc National des Cévennes nous offre ici ce qu’il a de plus beau en petite route, rivière, forêt, dénivelé, panoramas, en vie sauvage et également en vie humaine.

 

Habiter les Cévennes, un sacré défi !

Si les problèmes de logement des grandes aires urbaines sont connues (trop cher, trop de vide, trop insalubre), les zones rurales n’en sont pas pour autant épargnées. Même les zones très rurales, comme c’est le cas à Saint-Martin-de-Lansuscle. Isolé et vallonné, ce village au charme fou n’est pas très peuplé et déborde pourtant d’énergie. Le dynamisme associatif de ces 190 habitants aurait de quoi rendre jaloux des villes et villages bien plus peuplés.

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Mais difficile d’y habiter quand 60 % des logements sont des résidences secondaires occupées quelques semaines dans l’année, que les prix de l’immobilier flambent, que les flancs de montagne n’offrent pas moultes possibilités de construction, ou encore que les bassins d’emploi sont au moins à 45 minutes de petites routes.

Le fait de vivre ici relève donc souvent d’un choix mûrement réfléchi et en cohérence avec un style de vie voulu.

« Ce qui est magique ici, c’est que tous les habitants partagent un point commun. C’est qu’on a tous fait le choix de venir vivre ici, ou de rester vivre ici. Et ça crée des liens, forcément, au-delà des clivages entre néo cévenols et cévenols de souche. » Laurent, membre de La Logeuse.

Alors pour maintenir l’école ouverte et plus largement le dynamisme local, la municipalité et les habitants ont compris depuis longtemps qu’ils devaient porter une attention particulière à l’accueil de nouveaux habitants. Les différentes équipes municipales qui se sont succédées ces dernières décennies ont tenté des choses sur cette question, parfois réussies. Mais un constat demeure : il est rageant de voir les maisons en vente tomber soit dans le circuit de la spéculation, soit dans celui de la résidence secondaire. L’installation de nouvelles personnes relève du casse-tête.

 

L’innovation comme résistance

En 2015, la municipalité a ouvert aux volontaires sa commission « Logement » qui travaillait déjà d’arrache-pied sur le sujet et s’épuisait. Une quinzaine de personnes s’en sont saisies en répondant présents. L’idée première était de faire un état des lieux général des espaces (chambres, maisons, jardins) disponibles à la vente ou à la location. Puis d’essayer de réserver ces logements en vente pour des personnes qui voudraient s’installer dans la région en y vivant toute l’année.

Et l’aubaine arriva. Une maison en vente, pas trop chère, avec quelques travaux. Très vite, une association se constitue dans le but de l’acquérir et de la louer à un loyer modéré.

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Avant de rencontrer des banques, les membres de l’association ont mis tout en œuvre pour collecter un maximum d’argent eux-mêmes pour l’achat et les travaux. Les dons et les prêts de particuliers, les concerts de soutien organisés dans la salle municipale, la « Fondation Abbé Pierre », la plateforme internet « Les Petites Pierres » et toutes les recettes issues de plus ou moins gros évènements ont permis de collecter 70 000 euros.

En manquait 50 000 pour acheter la maison et financer les travaux qui la rendraient belle et confortable. La « Nef » a été la seule banque à leur accorder ce prêt.

Une fois propriétaire avec un emprunt à rembourser, le but pour l’association était de réaliser les travaux le plus vite possible et à moindre frais pour bénéficier rapidement des loyers. Une énergie bénévole incroyable s’est alors déployée, comme nous le montre l’enthousiasme collectif dans cette vidéo de promotion loufoque.

Les travaux terminés et une fois passé le dur moment de la sélection des candidats, une famille emménage en février 2017. Un couple emballé par le projet de la Logeuse, qui a compris les enjeux et qui s’est très bien entendu avec l’équipe dès son arrivé. Les enfants ont rejoint les bancs de l’école.

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La mission est accomplie. Les membres de l’association peuvent être fiers d’avoir atteint leur objectif ! Mais l’histoire ne s’arrête pas vraiment là. La Logeuse doit trouver 3 000 euros par an pour finaliser les remboursements des divers emprunts en cours. Le loyer modéré ne comble pas la totalité des frais de l’association. Alors ? Dons réguliers de particuliers ? Futurs événements décalés comme l’association sait si bien les imaginer et les organiser ? Plusieurs pistes sont possibles, l’asso est sur le dossier.

 

D’autres projets pour demain

Satisfaits, même très satisfaits de cette réussite collective, la Logeuse a de nouvelles envies. Comme ça l’a souvent été démontré, le temps de construction et d’imagination des projets est celui qui fédère le plus un groupe, l’anime, l’unit, libère les idées et la créativité.

La Logeuse l’a bien compris. Toujours sur le thème du logement, elle aimerait se pencher sur de nouvelles voies possibles. Nicole, Richard, Florence, Laurent et Stéphane nous parlent, des étoiles dans les yeux, d’un hameau d’habitat léger en perspective. A l’étape de la discussion, le groupe doit encore s’accorder sur les orientations qu’il veut pour la Logeuse. Ils en sont convaincus, il faut se réunir pour parler du devenir de la Logeuse, des projets sur lesquels avancer et déployer de l’énergie. Mais l’idée de ce hameau léger semble déjà plaire à un certain nombre. Ce hameau d’habitats légers rend rêveur…

La Logeuse est donc une énergie collective dans ce petit village qui ne manque pas d’idées pour développer et entretenir une vie commune. Plusieurs espaces du village révèlent cette dynamique associative exemplaire. Une bibliothèque ouverte 24h sur 24 et auto-gérée par les habitants, un espace collectif à « la Chaloupe » dans lequel ateliers divers, conférences, projections, jeux… ressemblent en fin de semaine, ou encore le Temple protestant devenu une salle des fêtes sont les lieux de Saint-Martin qui créent une attrayante vie de village.

 

Pour en savoir plus :

La Logeuse : https://lalogeuse.wordpress.com/

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Un espace pour les rêveurs en Bourgogne

Qu’est ce qu’une Rêv’othèque ?

Il s’agit d’un espace destiné à s’affranchir des préoccupations quotidiennes pour laisser place aux envies, aux rêves, au rien. Elle peut prendre une forme itinérante ou bien sédentaire. Dans les deux cas, l’univers de celle-ci est en perpétuelle évolution puisqu’il dépend de sa fréquentation. Chaque passage vient modeler l’espace : un nouveau livre, le déplacement d’un objet, l’écriture d’une phrase (« quelle est votre plus beau détour ? »). La Rêv’othèque absorbe envies et énergies des passants pour alimenter les futurs explorateurs de cet univers. En voilà une aubaine, puisqu’on ignore ce que l’on vient y chercher, nous en sortons nécessairement irrigués.

 

Et toi tu rêves ? Est-ce que tu as envie de rêver ? C’était quoi ton dernier rêve ? Est-ce qu’un rêve doit être réalisable ? De quoi as-tu envie ?

Dans la roulotte, la chaleur du bois, l’intimité de la configuration, la discrétion des objets, l’élan des roues, l’énergie du poêle à bois et la douceur de l’être font de cette cabane un espace privilégié propice à s’extraire du quotidien pour rêver. Accueillie sur la place publique ou installée temporairement sur un espace privé, la roulotte régale les esprits curieux.

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Ce cocon roulant, voyage de place en place à la rencontre de qui voudra bien s’y installer confortablement. Alors que tout le monde est le bienvenu à bord, par la fenêtre, Christian veille à l’équilibre et amène chacun à se laisser porter par ce qui lui sera familier : la musique, les toupies, les livres, les personnages miniatures… Formé au récit de vie, Christian accompagne avec attention les discussions qui peuvent éclore.

De manière plus sédentaire, un lieu incroyable s’est aménagé dans le village de Cormatin, près de Cluny. Sur la place de l’église, une vieille maison merveilleusement rénovée nous accueille. S’adonner à la rêverie, à la pause, la sieste, la lecture, venir imaginer ce que l’on souhaite tant que chacun y trouve son compte, tel est l’état d’esprit. Les énergies semblent s’y équilibrer spontanément, les enfants y trouvent aussi leur intérêt.

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Pour certains cela aura l’effet d’une séance de psy et sera l’occasion de prendre le pouls du rythme de vie dans lequel ils sont embarqués. Pour d’autres, ce sera l’opportunité de se raconter, de se comprendre ou encore d’écouter afin de cueillir d’autres perceptions et aspirations. Rien de tel qu’humer les odeurs d’envies folles et respirer de nouveaux défis pour les semer à son tour.

 

Comment une idée restée en suspend, tel un rêve au petit matin, s’est-elle un jour animée ? Qui s’applique à ce qu’elle ne reste pas une idée en l’air ?

C’est autant l’atmosphère que le chemin parcouru pour la réalisation de ce projet qui est touchant. Ce sont la détermination et l’envie de bousculer les mœurs de son entourage qui ont poussé Christian à traverser la frontière pour trouver un terreau plus fertile. Hasard de la vie ? Rencontres à point nommées ?

La Bourgogne est apparue comme une évidence pour réveiller les esprits assoiffés de rêveries. L’ambition de vivre un rêve animé ou d’éveiller ceux des autres avait germé, Christian est ainsi allé au bout de l’un de ses desseins : « Animer une Rêv’othèque ! ».

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A l’origine du projet, il animait et imaginait en solitaire les saveurs qu’auraient la Rêv’othèque. Encouragés par ses amis artistes pour donner une portée plus ambitieuse au projet, Christian a diversifié ses lieux d’interventions. Fort de son succès, la roulotte est sollicitée par des convaincus des bienfaits de cette soupape de décompression. Centre social, festival, hôpital psychiatrique, centre d’incarcération, fête de village, autant de lieux dont il fait bon s’extraire le temps d’un instant.

 

Pour en savoir plus :

La Rêv’othèque : http://revotheque.fr/

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Au Sud de Toulouse, l’écologie festive et gourmande !

Se poser les bonnes questions, trouver les réponses et ne pas les garder pour soi. Regarder vers l’avenir, favoriser les bonnes pratiques et ne pas les garder pour soi. Voilà ce qui anime le territoire dont il est question. A 40km de Toulouse, au balcon des Pyrénées, un territoire plein de ressources et d’imagination se met au service de demain. Les enjeux environnementaux et la transition écologique et sociale sont au cœur des activités de l’association 3PA, du café associatif La Maison de la Terre et du futur Tiers-Lieux rural.

La recette pour l’avenir à 3PA

Penser, Parler, Partager et Agir (3PA), voilà un riche programme ! Depuis 2004, l’association sensibilise, éduque et forme aux enjeux environnementaux. Elle a installé ses bureaux, depuis un an environ, dans un ancien dortoir pour personnes handicapées. Fermé depuis 2004, le site de l’Association Les Jeunes Handicapés (AJH) a hébergé des personnes handicapées pendant presque 20 ans. D’un local de 100 m², l’équipe est passée à un bâtiment de 3000 m² à Lahage. D’abord impressionnée, elle a vite pris ses marques et laisse place à toutes ses envies et celles des habitants pour occuper le site.

Depuis, la semaine, c’est une vraie fourmilière ! Au jardin, sur les machines bois, dans les bureaux, dans la cantine, tout le monde se croise et donne vie au lieu.

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Parmi ses activités, l’association est connue, depuis 2017, pour son Ecole Européenne de la Transition Ecologique (ETRE) à destination des décrocheurs scolaires. Première du genre en Europe, elle permet à ces jeunes de découvrir des métiers d’avenir et d’apprendre des techniques en vue d’une future qualification et d’une orientation.

A travers des modules de formation de 2 jours à 2 ans, les jeunes se forment aux métiers verts, ces métiers de la transition écologique que le marché de l’emploi voit déjà fleurir et qui devraient se multiplier et se diversifier dans les années à venir. Le maraîchage en agriculture biologique, les métiers du bois, les espaces verts et les espaces naturels, l’animation nature, la maçonnerie écologique, les métiers de l’économie circulaire sont autant de possibilités pour envisager une insertion professionnelle de ces jeunes sortis du système scolaire sans diplôme. Question diplôme, l’ETRE propose un CAP Menuiserie durant lequel l’atelier bois accueille les commandes de particuliers ou de collectivités pour des meubles, des armoires, des tables confectionnées par les apprentis du CAP.

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La construction de ce petit éco-système a pris du temps. Depuis 15 ans, l’association 3PA sensibilise le grand public à la transition écologique par de petites formes ou de grands chantiers. Et rien de mieux que d’apprendre en faisant… alors elle accueille régulièrement du public pour se former au jardin et à la botanique par des formations courtes (apprendre à faire des boutures, taille des arbres fruitiers, fabrication de gîtes pour chauve-souris). Les enfants et les scolaires ont leur programme aussi avec des ateliers et des animations. Pendant les vacances scolaires, les jeunes peuvent participer aux chantiers d’éco-construction. Sur place, on trouve un hôtel à insectes, un grouilloscope, une spirale de plantes aromatiques, une mini-ferme… voilà qui est déjà amusant !

L’association 3PA n’a pas de frontière. Elle a réuni 30 jeunes en juillet dernier venus de France, République Tchèque, Grèce, Algérie, Espagne et Allemagne pour un chantier européen.

CROQUE, la cantine anti-gaspi

Du jardin où l’on apprend les bases de l’agriculture biologique, à la cuisine où l’on apprend à cuisiner fruits et légumes, la formation est complète.

En plus des productions au jardin, c’est avec les invendus des maraîchers et des magasins bio du coin que la cantine CROQUE (Cantine Rurale Originale de Qualité Unique et Écologique) innove dans ses cuisines. Depuis février 2019, lancement officiel de la cantine, une équipe bénévole accompagne les jeunes en cuisine. Ce sont les « Mamie’Croque », comme elles se surnomment. Ensemble, ils confectionnent entre 30 et 35 repas pour le jeudi midi. Ce jour-là, le repas plat-dessert est à 2,50€ pour les jeunes et 5€ pour les salariés de 3PA, afin d’équilibrer les dépenses en denrées supplémentaires (pâtes, riz, lait ou œufs) et les frais de déplacement occasionnés.

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Dès le départ, l’idée était d’apprendre à travailler ces produits frais et à changer les habitudes alimentaires des jeunes accueillis en formation. Constatant la malbouffe de ces derniers, l’association a décidé d’agir et de leur apprendre à se questionner sur leur alimentation et le gaspillage. « Et ça a fonctionné de suite », précise Déborah, salariée en charge de la coordination du projet Croque. Pour ces jeunes qui n’ont parfois jamais goûté de brocolis, de chou-fleur ou de panais, Croque a remporté un franc succès qui remplit Déborah d’enthousiasme ! Les jeunes sont demandeurs, ils veulent apprendre à cuisiner ces produits et à les apprécier.

En plus, comme les quantités récupérées sont très importantes, il reste de la matière pour faire des bocaux de conserves, compotes, tartinables, confitures qui rempliront prochainement les étales d’une épicerie solidaire en projet. Peut-être l’occasion d’un partenariat avec La Maison de la Terre, à Poucharramet, pour animer un Pôle Alimentation commun.

La Maison de la Terre, le café associatif de Poucharramet

La Maison de la Terre a une histoire qui en ferait rêver plus d’un. Une ancienne ferme à l’abandon gît au cœur du village. La Mairie prend les devants et s’engage. Elle rénove du sol au plafond le bâtiment, avec des techniques anciennes et écologiques, pour donner une allure chaleureuse en gardant le charme ancien des galets aux murs et au sol, typique de la région. Puis elle lance un appel à projets et choisit celui d’un café associatif et culturel porté par 3PA, pour faire vivre le village. Enfin, place aux activités avec un soutien toujours affirmé de la municipalité.

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Spectacles, expo, concerts, projections et conférences le vendredi et samedi soir. Petite restauration et bar ces mêmes soirs avec des produits bio et locaux principalement. Le lieu prend vie en fin de semaine, dans la salle ou dans le jardin, depuis plus de 10 ans. Au fil du temps, une association « Maison de la terre » s’est créée pour gérer le lieu, autonome de 3PA. Évidemment, les liens avec l’association grande sœur restent très étroits.

La Maison de la Terre ponctue également l’année de temps forts et de festivals où les habitants se donnent rendez-vous. Festival de Blues en janvier, Festival de Jazz en avril, les Apéros Concerts Tapas tout l’été, Festivals de Choeurs en septembre, ou encore le fameux et très populaire Festival AgitaTerre en juillet, co-organisé avec 3PA.

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Le premier week-end de juillet, la place de l’église se transforme pour tourner les projecteurs sur les alternatives durables et locales. L’année dernière, « les communs » était le thème central, cette année ce sera « de l’arbre au bois ». Marie et Fanny préparent le programme, mais on sait déjà que l’on y découvrira des expositions de créations, des sculptures en bois, des animations, un grand marché artisanal et de producteurs locaux, des conférences, des stands associatifs, des spectacles de rue et qu’on fera la fête autour d’un concert. En amont, certains vendredis sont dédiés à la thématique de l’année à travers des cafés-débats et des projections.

La Maison de la Terre, c’est le café de tous. Marine, salariée du café, développe les partenariats locaux pour ouvrir le lieu aux autres associations du village, aux entreprises, et à l’école. Toujours en lien avec l’association 3PA, il se murmure qu’une épicerie pourrait voir le jour. Affaire à suivre…

Un tiers-lieu rural pour des initiatives locales

Pour compléter ce paysage dynamique tourné vers le partage, la rencontre et les enjeux environnementaux, un tiers-lieu est en cours de construction !

Un Tiers-Lieu ? Pour rappel, c’est le sociologue américain Ray Oldenburg en 1989, qui parlait de « Third Place » (comprenez « Lieu Tiers ») pour désigner tout lieu autre que la maison ou le travail, où se rencontrent des gens qui n’avaient pas vocation à le faire. C’est là l’origine de la notion tiers-lieux. Très largement reprise depuis, elle connaît un important essor ces dernières années, notamment en France. Les Tiers-Lieux sont devenus objets de réflexion, de développement du territoire ou de création de nouveaux métiers (ex : facilitateurs). Et ont pris des formes variées tels que des cafés associatifs, des librairies ou encore des espaces de coworking. Ils représentent une multitudes de formes possibles ce qui produit alors autant de définitions possibles. Les tiers-lieux n’ont donc ni frontière, ni forme unique. Le seul point commun des tiers-lieux est qu’il est un lieu où se rencontrent différentes personnes aux savoirs hétérogènes.

Après avoir constaté que les centres bourgs se vident, que les villages périurbains deviennent uniquement dortoirs, que les lieux de rencontre se font rares, les tiers-lieux semblent être une solution pour redynamiser les territoires ruraux. De plus, lieux de rencontre et d’activités économiques, ils sont de vrais arguments pour conquérir de nouveaux habitants. Capter les entrepreneurs locaux, animer le territoire, mixer les publics, donner une place et faire résonner les initiatives locales… le potentiel est infini.

C’est là que 3PA a tout compris. Antoine, salarié de l’association, a cette envie depuis longtemps de créer un tiers-lieu rural. Il y met toute son énergie et sa passion. La réhabilitation et la transformation des 3000 m² du bâtiment offrent beaucoup de possibilités.

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Alors, il imagine les usages de chaque partie du bâtiment selon des points techniques (arrivée d’eau, accès à l’extérieur, etc.) et tente de créer un terreau fertile aux envies les plus folles et les plus vitales du territoire.

« Le but est vraiment que chaque personne vienne avec un projet et le mette en place dans ce tiers-lieu. Il faut que les personnes se saisissent du bâtiment, viennent l’appréhender pour mieux le comprendre et rencontrer les personnes qui l’occupent déjà » Antoine, facilitateur du tiers-lieu.

On peut tout imaginer, il y a de l’espace pour toutes les idées. Une partie du bâtiment est déjà occupée par des bureaux administratifs auxquels peut se joindre un espace de travail partagé à l’avenir. La partie cuisine pourrait s’étendre encore, les anciens dortoirs pourraient devenir des logements privatifs et/ou des hébergements pendant les temps de formation, une autre encore un espace de la résidence de musiciens s’envisage dans une partie indépendante du bâtiment.

« Il y a des profs de musique sur le territoire qui manquent de temps pour un tel projet, mais qui ont l’expérience et les contacts dans le domaine, et il y a des musiciens très intéressés par cet espace disponible et ce projet, alors il faut maintenant les faire travailler ensemble pour que chacun apporte à l’autre ». Antoine

La transition écologique ne concerne pas que les pouvoirs publics, ni les combats d’associations et de collectifs, elle nous concerne tous. Et c’est seulement la jonction des pratiques quotidiennes de chacun, de nos orientations de vie professionnelle et du combat militant qui permettra les bonnes décisions des pouvoirs publics à qui il faut montrer l’exemple, semble-t-il. Dans certains territoires, on s’engage depuis des années déjà et on partage ses expériences et ses idées. On apprend de chacun. On crée ensemble. Un café associatif dans un village. Une association qui se déploie et grandit sans cesse. On imagine aussi. Un lieu qui donnerait la place à tous pour l’expression de tous vers un demain plus engageant. Et on agit !

Pour aller plus loin :

https://www.3paformation.fr/

https://www.ecole-transition.eu

https://www.lamaisondelaterre.fr/

https://www.facebook.com/AgitaTerre/

Pour connaître des lieux qui se définissent comme Tiers-Lieux :

https://cestpasdesideesenlair.com/2017/10/02/les-usines-nouvelles-une-friche-devenue-tiers-espace/

https://cestpasdesideesenlair.com/2017/11/08/interview-cela-le-laboratoire-dinitiatives-locales/

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Toulouse par l’image

Raconter. Voilà ce que pourrait être le maître mot en commun des trois associations Toulousaines « Un Oeil sur ma ville », « Les Vidéophages » et « Les bobines sauvages ». Ils racontent. Ils racontent des histoires, parfois l’Histoire, des fictions, des souvenirs, des vies, des quartiers, des récits. Chacun avec leur support et leur spécificité, ils participent de la construction d’une mémoire collective des quartiers oubliés ou mal connus de la ville rose, en même temps qu’ils les mettent en vie et en lumière.

De la Reynerie…

Bienvenue au Mirail, plus précisément à la Reynerie. Comme tout bon quartier populaire qui se respecte en France, pour y entrer vous venez de passer de l’autre côté du périphérique. Prêts pour la visite, vous êtes entre les mains d’Ibrahim Reziga. Notre hôte est en ce moment même le seul salarié de l’association « Les Bobines Sauvages ». En instance de recrutement, ils sont en temps normal entre trois et quatre. Plus les personnes en services civiques. Plus les stagiaires. Plus les bénévoles. C’est simple, à peine quinze minutes après notre arrivée dans les locaux de l’association, nous avons déjà rencontré un dizaine de jeunes occupés à ranger, discuter ou préparer le tournage de cet après midi.

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Quelque chose nous dit que nous ne sommes pas les premiers visiteurs. D’un simple coup d’œil et d’un « présente-toi » d’Ibrahim, Amine nous explique du tac au tac qu’il est membre du CA de l’association, bénévole, qu’il y a déjà tourné deux courts métrages en son nom, et qu’un troisième est en préparation. A la présentation limpide d’un autre jeune, Ibrahim rétorque « Oh tu l’as appris par cœur ton discours ? » « Nan j’te jure, tout en impro, frère ! ». Ils se présenteront petit à petit tous à nous comme s’ils étaient rompus à l’exercice, ou comme si leur travail face caméra les avait aidé à être particulièrement à l’aise à l’oral.

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Tous ces jeunes habitent Le Mirail, ce quartier chargé d’histoire sociale et architecturale. Ça, nous l’apprenons avec Ludo de l’association « Un Oeil sur ma ville ». Historien de formation, il nous raconte l’histoire de Georges Candilis, l’architecte de ces grands ensembles. Héritier de Le Corbusier, Candilis avait imaginé la configuration et l’agencement du quartier de telle manière que ses habitants s’y croisent le plus possible. Voisins d’un même immeuble, voisins d’immeuble, piétons, usagers des transports en commun ou de sa voiture individuelle, les chemins quotidiens de chacun devaient pouvoir croiser ceux de ses voisins indifféremment des différents styles de vie. Le tout en laissant la part belle aux zones piétonnes et commerçantes.

…Au centre-ville…

Et si Ludo peut si bien nous parler de ce quartier et de son Histoire, c’est que l’association, et particulièrement Anissa, y a mené des ateliers de discussion, de mémoire et de recherche avec ses habitants. Tant les archives municipales que les souvenirs des habitants ont ainsi enrichi la création d’« un parcours de balade mettant en valeur son patrimoine et ses histoires ». Différents supports éparpillés dans tout le quartier permettent ainsi de prendre connaissance tant de ses petites histoires que de son Histoire. Se réapproprier son quartier, l’image de son quartier, être acteur de son territoire, la valorisation de son espace de vie sont autant de valeurs et de concepts que l’association toulousaine partage, sur des formats différents, avec d’autres exemples que nous avons rencontré : Nabuchodonosor à Béziers, Alliance Citoyenne à Grenoble, ou encore Bouche à Oreille à Metz.

Parce que la ville est à notre image, elle vit, elle bouge, elle évolue, Ludo, Audrey, Tomas, Pierre, et tous les autres bénévoles travaillent à mettre en avant ses mutations et ses évolutions que chaque ville connaît à travers le temps. Parce que par ses évolutions, nous pouvons lire et découvrir l’identité de la ville. C’est donc par différents supports tous aussi originaux les uns que les autres que cette jeune association tente de rendre compte de ces transformations de manière ludique. Anaïs et Alice viennent d’ailleurs de créer une chasse au trésor dans différents quartiers de la ville.

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Une de leurs premières actions a été l’installation au cœur de la « Prairie des Filtres » d’un grand panneau transparent du paysage tel qu’elle était autrefois. En trouvant le bon angle, nous pouvons alors superposer la vision actuelle et l’ancienne. En un coup d’œil, nous identifions l’émergence d’un espace vert ou d’un immeuble, la pérennité de l’église, la rénovation (ou bétonisation) des quais de la Garonne, etc.

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Ces jeunes Toulousains ne se cantonnent pas à la Haute-Garonne et sa préfecture. Depuis le cœur des Cévennes, à Arre, l’association de « La Mainlèv » a entendu parler d’ « Un œil sur ma ville » et a fait appel à eux. Alors en pleine rénovation d’une immense usine de textile abandonnée, l’association compte inclure pleinement l’histoire de ce lieu dans sa nouvelle vie, à savoir une fabrique à initiatives, un lieu de mutualisation d’espaces et de moyens pour les acteurs du territoire. Les deux associations ont alors conjointement menés des ateliers d’expression auprès des anciens salariés de l’usine afin de recueillir leurs souvenirs et leur vision du lieu. Une exposition avec photos et témoignages est en préparation pour occuper les murs du hall d’accueil de ce bâtiment.

A la Reynerie aussi, l’association « Bobines Sauvages » tente de dépasser son environnement toulousain. Les courts métrages qu’ils produisent et réalisent sont régulièrement envoyés à des festivals partout en France. Car ce qui importe pour Ibrahim, chargé du Pôle Cinéma, c’est habituer les adhérents aux circuits, au langage et aux habitudes professionnelles. Il fait quotidiennement cet effort d’inscrire les jeunes dans un environnement professionnel afin de leur donner les armes adéquates pour l’avenir.

« Si demain par hasard, un jeune rencontre un réalisateur, je veux qu’ils puissent parler la même langue et se comprendre. ». Ibrahim poursuit : « Il faut que les jeunes se servent de l’association pour apprendre des choses. Et que l’association se serve des jeunes pour exister, se développer, s’enrichir et être prête à accueillir les générations suivantes ! C’est gagnant gagnant, les jeunes se servent de l’association et l’association se sert des jeunes. »

Sur Toulouse, les jeunes réalisateurs de Haute-Garonne et d’ailleurs disposent d’un espace de diffusion et d’expression non négligeable. Tous les premiers lundis du mois à l’Abbaye de la Sainte Dynamo, l’association « Les Vidéophages » organise une soirée dédiée aux jeunes réalisateurs.

…Toulouse se raconte par l’image !

Symbole du foisonnement culturel toulousain, l’association « Les Vidéophages » œuvre depuis 20 ans à la promotion du format court qui peine à trouver sa place ailleurs que dans les festivals qui lui sont dédiés. Alors c’est dans des bars, des bus ou des prisons qu’ils amènent ce format peu diffusé en France. Seule salariée de l’association, Delphine nous raconte que lors de leur festival annuel « Faites de l’image », ils élargissent leur proposition à l’audio, aux installations insolites, etc. Rendez-vous les 5 et 6 juillet prochain, à Toulouse. Sans cesse à la recherche d’un nouveau public, ils s’attachent à changer de quartier chaque année.

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S’ils ont choisi un élan pour symbole, ce n’est pas pour rien ! « Allons de l’élan » est leur devise et ils le prouvent largement par la diversité de leurs propositions (Ciné-Tambouille, Vidéo-bus, soirées mensuelles, itinérance en Occitanie, les ateliers avec les enfants, Driv’in, etc etc etc!).

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A travers leurs aventures propres, ces trois-là nous racontent plus qu’une histoire. Ils nous expliquent comment une passion peut s’exprimer en collectif et à quel point nous faisons les choses avec sens et sérieux quand elles nous parlent et nous font vibrer.

Pour en savoir plus :

Les Bobines Sauvages 

Un Oeil sur ma Ville

Les Vidéophages

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Une ferme solidaire dans Toulouse

On est tout proche du centre-ville de Toulouse et pourtant les arbres remplacent les grands bâtiments, le bruit des transports se substituent aux chants des oiseaux, le calme efface l’effervescence de la ville. Nous sommes dans une bulle, une pause dans le temps et l’espace. Au fond d’une rue d’habitations, au départ d’un sentier de balade, on est à la Ferme Habitat Solidaire, chemin du Manel.

L’endroit est parfait pour se ressourcer. Le bois des chalets, la fraîcheur de la végétation et la tranquillité des animaux donnent une atmosphère et un charme singulier. On ralentit et on se rencontre. Pour quelques jours ou plusieurs mois, chaque personne accueillie devient un habitant et prend possession du lieu.

Autogestion à la ferme

Lorsque Raphaël hérite d’un terrain vierge sur le chemin du Manel, il rencontre Thierry et son chien Orso, dans les bois qui avoisinent ce terrain. Ils discutent et apprennent à se connaître, puis font un projet ensemble : construire des chalets en bois pour accueillir des sans-abris. Raphaël réalise son rêve d’une ferme pédagogique et de partager son amour des animaux. Quant à Thierry, il met au service du projet ses compétences techniques. En 2011, l’idée devient réalité !

Raphaël, l’équipe de la Ferme constituée uniquement de bénévoles et Thierry, avec l’aide de voisins et d’amis, montent sept chalets importés de Finlande. Ils créent et fabriquent ensuite les aménagements intérieurs. Aujourd’hui, un grand chalet tient place de salle commune, entouré de six chalets en bois plus petits qui sont les habitations privatives et individuelles, louées 450€ par mois. Si certains n’ont pas de revenu, alors ils travaillent à la ferme en échange du logement. Chacun dispose d’une habitation privée dans laquelle il est chez lui. Dans le grand chalet, on se réunit et on partage les repas et les infos.

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Pour une courte durée ou pour plusieurs mois, l’accueil est inconditionnel. Femmes, hommes, couples, avec ou sans chien, tout le monde est accepté, tant qu’il y a de la place et que l’on accepte les règles. La plupart du temps, les séjours sont limités dans le temps. On ne s’installe pas à la Ferme, on y fait une pause. La durée de trois mois est fixée au départ comme une période propice à la réflexion et l’action. On vient pour se reposer, souffler un bon coup, également stimuler ses envies, mobiliser ses énergies et faire un projet concret pour la suite : des études, un emploi, un voyage…

L’équipe de la Ferme apporte son aide et son soutien du mieux qu’elle peut dans les projets de chacun et le fonctionnement du lieu. Ni l’équipe de la Ferme, ni Raphaël ne vivent à la Ferme pour laisser la vie collective et autogérée se créer vraiment. Ce sont aux habitants de se fixer des règles de vie, de s’accorder sur les repas communs, de s’intéresser aux emplois du temps de chacun. Certains s’occupent en permanence du lieu : nourrir et soigner les animaux, entretenir le potager, ranger, nettoyer, réparer. Raphaël, hyperactif et très dévoué dans ce projet, partage son savoir des animaux avec chaque habitant. Il propose des ateliers de médiation animale. Et si vous en doutiez encore, à la Ferme c’est une nouvelle preuve de ses bienfaits. Il apprend à prendre soin des animaux et donc à prendre soin de soi. Il apprend à dépasser ses peurs et à développer une confiance mutuelle entre l’humain et l’animal. Tous le disent, les résultats sont extraordinaires. A la Ferme, les habitants se sentent bien et approfondissent leurs savoirs, savoirs-faire et savoirs-être.

Jeu de cache-cache

Les sans-abris, les abîmés par la vie, les précaires, les instables… une terminologie foisonnante pour parler des autres. Pour parler de personnes pour qui la vie est semée de plus d’obstacles que d’autres. Ou qui n’ont pas les armes pour affronter ces obstacles. Pour certains, les difficultés ont commencé tôt, pour d’autres elles sont arrivées soudainement alors que rien ne le présageait. Un effet boule de neige qui fait tout dégringoler, accident de travail, perte d’emploi, divorce, dettes…

Dans la rue, aux feux rouges, sous une toile de tente ou sur un carton, on passe et on ne les regarde pas. Par mépris, par honte, par malaise ou par habitude. Ils font partie de notre paysage.

Dans la rue, on les rend invisibles, à la Ferme, ce sont eux qui veulent s’effacer et avoir l’air de voisins lambdas. Ne pas passer pour le squat de punk à chiens ou pour la maison des fous. Vivons cachés, vivons heureux ? Savant mélange entre anonymat et intégration au quartier…

Pourtant, beaucoup connaissent la Ferme, savent combien les bienfaits sont grands. Alors autant l’équipe bénévole, que les habitants de la Ferme, que les partenaires extérieurs se réjouissent de partager des moments ensemble. Les élèves de l’école profitent de la Ferme pour découvrir les animaux. Il en va de même pour l’Institut Médico-Educatif (IME) et l’Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique (ITEP) voisins. Alors les bénévoles et les habitants de la Ferme mettent tout leur cœur à faire découvrir leur lieu de vie, à travers des animations autour du bois, des ateliers avec les animaux, des jeux dans le grand chalet ou dans le bac à sable… Et là, on les regarde et on les admire. On se rend compte de leurs talents, de leurs savoirs, de leurs compétences et de leur générosité. Les habitants ont une place et donnent l’exemple. Cette partie de l’activité de la Ferme est donc primordiale tant elle redonne confiance en soi et valorise des personnes qui en ont un besoin immense.

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Sans aide publique, à la débrouille, la Ferme poursuit son chemin. Grâce à des partenariats et à la mutualisation de biens et de services, elle a déjà accueilli des centaines de personnes et ne cesse de recevoir des demandes auxquelles l’équipe bénévole prend le temps de répondre en rencontrant chaque personne. Les vies se croisent, les expériences s’échangent et les histoires avancent. En somme, une belle aventure qu’on a eu la chance de voir vivre le temps d’une journée !

Pour plus de détails sur : La Ferme Habitat Solidaire

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Le Nabu, laboratoire urbain dans Béziers !

« Le dialogue de l’architecture et du paysage est le projet Nabuchodonosor. Redécouvrir la ville, voilà ce que l’on propose. ». C’est par ces mots simples, ambitieux et terriblement motivants que le collectif biterrois se définit. Et pour ceux qui aiment ces mots, les mots qui donnent la gnac, ils se définissent également comme un « laboratoire urbain ». Allez, déjà assez parlé, qu’est-ce qu’ils font, concrètement ?

Le Bar des « Nabu », le Barnabu ! 

Dans la vieille ville historique de Béziers, le quartier St Jacques, les commerces ne se marchent pas dessus. Hormis la boulangerie de la Place St Cyr, c’est le calme plat. En face de celle-ci, se trouvait il y a une quinzaine d’années un bar nommé « Le St Cyr ». C’était le lieu de vie sociale du quartier, les boulistes y stockaient leurs boules, les voisins s’y croisaient, et puis… la clef sous la porte. Alors il y a quatre ans, quand le jeune collectif cherchait un lieu où exprimer ses envies les plus folles, ce bar resté dans son jus les a de suite conquis. Le propriétaire est arrangeant, le quartier plein de potentiel, en avant !

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Le Barnabu est un bar associatif que le collectif s’attelle à ouvrir tous les mercredi et vendredi soir, où il est possible de boire un verre, discuter, se rencontrer, voire même chanter ou danser si le cœur vous en dit. Tourné vers la rue, cet espace est véritablement à destination des riverains. La petite place St Cyr prend soudainement un air plus joyeux et plus attrayant lorsqu’elle est éclairée par la lumière du Barnabu. Le collectif ne se prive d’ailleurs pas d’investir cet espace d’un grand tableau d’affichage des infos locales et des animations à venir, de quelques chaises autour d’une table, et d’un petit portant rempli de vêtements d’occasion. Donnez et prenez tant que vous voulez, c’est gratuit. Toutes ces petites choses (re)donnent à l’espace public une dimension plus collective qu’impersonnelle.

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Aujourd’hui le constat que le collectif et les biterrois est clair et commun à grand nombre de villes : les rues se ressemblent, se vident de leurs commerces et les habitants y passent sans plus y faire attention. La vie se passe dans les maisons et appartements, mais plus dans les rues. Le collectif a alors à cœur de requestionner notre rapport à la ville, à ses usages. Permettre aux habitants de redécouvrir leur ville, la faire leur et leur faire lever les yeux sur l’architecture et les trésors devenus cachés de la vieille ville. Le Nabu s’est saisi de ce sujet avec dynamisme et intelligence ! Que ce soit à travers des discussions au Barnabu, des sessions en groupe de dessins dans la ville (« Dessine ta ville » avec Cédric Torne), des Incroyables Comestibles à planter ci et là… à travers des rencontres quoi.

Des rencontres de tous poils ! 

Les « Nabu », comme ils aiment à s’appeler, organisent des rencontres entre les habitants du quartier St Jacques et des intervenants de tous poils. Un artiste photographe y a par exemple fait une résidence de trois mois pendant lesquels chaque dimanche de 15h à 17h il circulait dans le quartier à la rencontre de ses habitants, muni de son appareil photo. L’objectif était de requestionner les habitants sur l’image qu’ils ont de leur ville, de leur quartier, et de se la réapproprier par la photographie. On peut encore croiser les photographies en noir et blanc exposées sur quelques murs de la ville.

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Ils ont également reçu Sophie Ricard, architecte dont on a déjà cité le travail dans un précédent article, afin de s’interroger sur les usages de la ville et ses espaces.

Autre exemple, autre ambiance : le vendredi 8 février au Barnabu, nous avons présenté aux personnes présentes notre exposition retraçant une quinzaine d’initiatives particulièrement marquantes pour nous. Nous avons ainsi pu échanger de manière informelle avec les curieux ou les passionnés au sujet de l’écologie, de l’investissement citoyen, du faire ensemble, etc.

Des conférences, des expos et toutes sortes de rencontres sont donc organisées par le collectif pour nourrir les réflexions des habitants et du collectif au sujet de leur vie de quartier, de leur vie d’habitant. Un programme riche et des questions d’actualité à l’honneur !

« Chouchoux » : un média inter associatif

« Chou-Choux », le journal interassociatif biterrois. Une feuille de choux de huit pages qui donne la parole aux associations de la ville et du quartier St Jacques. Un bilan de ce qu’il s’est fait ces derniers mois, de ce qu’il s’y passera les semaines à venir, le courrier des lecteurs, des édito, tout ce qui fait un bon journal !

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Avec un superbe travail graphique, avec des dessins faits main, des photo d’artistes et plein de couleurs, ce petit journal est largement apprécié et distribué gratuitement à qui veut.

Le Collectif Nabuchodonosor s’entoure entre autres de l’association Tu Tamben qui promeut la culture occitane, du Gem (Groupe d’Entraide Mutuelle), ou encore de la Courte Echelle qui propose du soutien scolaire pour des événements partagés et l’élaboration de différents supports de communication et particulièrement de ce journal « qui appartient à tout le monde ».

Le Grand Nabucho

C’est LE rendez-vous à ne pas manquer ! Avant les grandes vacances d’été, c’est l’événement qui anime le quartier et fait bouger les murs.

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Chaque mois de juin, le collectif organise sur une journée un festival de quartier, sur la grande place St Jacques. C’est le moment de restitution du travail fait tout le long de la saison écoulée. De midi à 1h du matin, le quartier se transforme pour laisser place aux associations locales, aux artistes collaborateurs et à l’exposition des travaux réalisés dans l’année. On retrouve des stands, des jeux, des projections, des ateliers créatifs, une expo, de la musique, une buvette évidemment et toujours des surprises.

Comme dirait Espasces possibles, « la ville elle est à qui ? Elle est à nous ! » ! Ces deux urbanistes de formation présenteront d’ailleurs leur conférence gesticulée au Barnabu le 1er mars prochain. Ce gimmick pourrait également être celui du Collectif Nabuchodonosor. Par l’occupation, l’animation et l’expérimentation de l’espace public, ils testent au cœur du quartier St Jacques une nouvelle manière de faire la ville ensemble. Chaque rue a une histoire à raconter , chaque façade d’immeuble un message à faire passer, chaque recoin une anecdote qui éclairera l’histoire de la ville. Ces espaces nous appartiennent collectivement, alors autant qu’ils nous ressemblent, nous rassemblent.

Pour en savoir plus :

Collectif Nabuchodonosor

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